Patti Smith : M Train

 
par Sacha Steurer

Patti Smith a longtemps rêvé d’ouvrir un café qui serait un petit havre de paix pour poètes et voyageurs « avec la simplicité d’un refuge ». C’est ce qu’elle parvient à faire à travers une écriture, et son objet, un livre, dans lequel on entre comme dans un café, un lieu très habité, avec une âme comme on dit.
« Il n’est pas nécessaire de réaliser tous ses rêves. C’est ce que Fred (Fred Sonic Smith, son mari) avait coutume de dire. » D’autant plus quand l’écriture est là, avec son pouvoir qui consiste à faire exister les choses telles qu’elles ne seront jamais exactement, mais en leur donnant pourtant un vrai lieu1, comme l’appelait Yves Bonnefoy.
Patti Smith nous invite, généreuse, dans son antre, les endroits où elle dort, où elle rêve, dans les rituels qui font l’écriture. Dans sa mémoire : « Terrains vagues genoux égratignés gare de triage vagabonds mystiques habitations interdites mais merveilleuses anges mythiques des décharges ». Et nous fait goûter son rapport sacré aux objets : son manteau noir, ou ceux, fétiches, d’écrivains morts vers lesquels elle accomplit des « pèlerinages » toute sa vie.
Comme dans ses chansons, Patti Smith nous parle. Il est sûr qu’il s’agit de poésie au sens où l’on entend une voix. Une voix pleine d’espoir.




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Traduit de l’anglais par Nicolas Richard
Gallimard
272 p., 19,50 €
couverture

1. « J’ai retrouvé ce point où par la grâce de l’avenir, réalité et langage ont rassemblés leurs pouvoirs. Et je dis que le désir du vrai lieu est le serment de la poésie. » (« L’acte et le lieu de la poésie » dans L’improbable et autres essais, Gallimard.)