Isabelle Pinçon : Chambre zérosix

 
par Jean-Pascal Dubost

Un homme est en train de vivre ses derniers jours ; une maladie l’emporte vers la mort ; et la narratrice, sa fille, dont on peut supposer qu’elle est la porte-discours du poète portant la parole du mourant, la narratrice recueille ces derniers jours en l’accompagnant, sans éploration, posant l’ordinateur entre lui et elle comme registre des derniers instants, des derniers mots. Les paroles du père, et une partie du discours de la poète, sont, sur la page, encadrés, et figurent, d’une certaine manière, le clavier de l’ordinateur qui les saisit ; de cette manière, la mort est mise à distance pour ne se concentrer que sur l’essentiel, l’homme encore en vie, même si « Lhommenmourance » est aspiré par la mort. La ponctuation est très marquée, bien que discrète : points et cadratins saccadent le rythme, et surtout, des blancs, de nombreux espaces blancs dans la prose font instants de silence dans lesquels est noyé le chagrin, dans lesquels la narratrice ravale les larmes, dans lesquels elle reprend souffle. De cette manière la vie se vide, lentement, mais sûrement, jusqu’au dernier mot ; de cette façon, l’émotion est maîtrisée : « comme c’est beau » sont les derniers mots, de la poète.




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La Rumeur libre
72 p., 15,00 €
couverture