par Claude Chambard
On n’a pas encore trouvé la suite.
Paris, de nos jours, c’est dire l’urgence. Le pays vacille. Des émeutes auraient lieu dans un hôpital de la grande banlieue. Comment l’insurrection n’est-elle pas encore en marche dans ce pays malmené… C’est d’un monde, où l’on maltraite les réfugiés, les populations, où l’on veut brutalement ranger chacun, que Leslie Kaplan nous parle, s’emparant de la Révolution française, de son calendrier, de ses mots pour les partager avec Mathias et une foisonnante galerie de personnages. Le livre commence le 20 mai – révisons un peu notre Histoire pour nous rappeler que cette date n’est pas due au hasard. Mathias arrive de la Bastille, il parle et il parle en arpentant Paris pendant les 250 pages du livre, il parle mélangeant ses mots à ceux de la Convention, de la Révolution, et tous ceux qu’il frôle, qu’il rencontre, les ont en partage sur – dans – la langue. À croire que l’époque s’y prête, à croire… « On allait vers des actions, on n’allait pas attendre sans rien faire que l’hôpital public soit détruit. » Mathias et la révolution est un livre éminemment politique, de langue, de marche, de rencontres. C’est un tourbillon de vie, d’attention à soi et à l’autre, de partage, une avancée vers quelque chose qui pointe, qui va éclore, qui va commencer – qui est déjà commencé –, dans ce Paris où tout est possible, où quelque chose d’un printemps frais donne de l’épaisseur à la pensée, aux échanges, à la naissance, au refus, toutes générations confondues. Leslie Kaplan donne de l’envie, de l’élan, profitons-en… On n’a pas encore trouvé la suite. Si.
256 p., 16,90 €