Jerome Rothenberg : Secouer la citrouille

 
par Gérard-Georges Lemaire

Jerome Rothenberg (né en 1931) a eu un rôle de premier plan dans la poésie américaine. Mais on ne doit pas oublier qu’il a été un grand traducteur de l’allemand (il a traduit entre autres, Günter Grass et Paul Celan). De plus il s’est intéressé de près aux poésies des autres continents, l’Afrique, l’Asie, l’Océanie, ce qui l’a conduit à élaborer ce qu’il appelle une « ethnopoétique ». Son livre, Techniciens du sacré (paru aux USA en 1968) est désormais un grand livre de référence dans cette optique. En 1972, il a donné une suite à ce travail de fond avec ces Poésies traditionnelles des Indiens d’Amérique. C’est une œuvre impressionnante, car il ne se contente d’un petit florilège, mais donne au lecteur la possibilité de connaître en profondeur la poésie des différentes tribus, en particulier celle des Apaches et des Navajos jusqu’aux Mayas et aux Aztèques. Bien sûr, pour mener à bien cette tâche énorme, qui implique la connaissance d’une multitude de langues, il s’est entouré de plusieurs grands connaisseurs. Son ambition a été ici de montrer la richesse et la diversité des cultures qui existaient avant l’arrivée des colonisateurs européens. Tout l’intérêt est que nous n’avons pas à faire à quelques extraits, mais à de longues séquences parfois accompagnées de dessins. En sorte que nous pouvons nous immerger dans des cultures très différentes les unes des autres et saisir l’esprit et aussi les modalités de leurs poésies respectives. De nombreuses notes complètent ce vaste panorama, notes absolument indispensables pour se retrouver dans ce labyrinthe d’écritures ! Ce livre est plus qu’une anthologie : c’est la porte ouverte sur des civilisations disparues ou réduites à la survivance. Une merveille.




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Poésies traditionnelles des Indiens d’Amérique du Nord
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Anne Talvaz avec la collaboration de Christophe Lamiot Enos
Purh
« To »
534 p., 16,00 €
couverture