Ugo Rondinone : I Love John Giorno

 
par Lorenzo Menoud

L’œuvre de John Giorno rappelle l’importance du contexte d’insersion de toute pratique (d’avant-garde), à l’oubli duquel, lorsque le poète déclare, en opposition à l’« ennuyeuse » école de New York qui organise des lectures sans sono, vouloir « divertir »1 les gens et se sentir plus près de la musique rock que de la littérature, on pourrait penser, alors anachroniquement, que la spectacularité de ses manifestations – utilisation du son électrifié, de projecteurs, de provocation (sexuelle), etc. – tiendrait lieu d’un contenu inexistant, la simple utilisation techno-médiatique suffisant à fasciner les foules – ce serait alors négliger la radicalité des propositions de Giorno, et ce dès le milieu des années 60, par la création de Giorno Poetry Systems, de Dial-A-Poem, par la systématisation du poème trouvé, etc. qui permirent, notamment, à la poésie d’incorporer de nouvelles formes et de rattraper « 75 ans de retard »2 sur les autres arts – bien qu’il se puisse, une fois ces formes acquises, ce sont les limites du contexte, qu’une certaine conformité s’installe, ce qui marchait hier ne marche plus aujourd’hui, déplaçant ces pratiques au centre d’un marché désormais omniprésent.




Share on FacebookTweet about this on TwitterPin on PinterestShare on TumblrEmail this to someone
Le Palais de Tokyo
« Palais # 22 »
216 p., 15,00 €
couverture

1. Cf. p. 93.

2. Cf. p. 202.