Roger Laporte : Écritures

 
par Sébastien Hoët

Ces quelques dizaines de pages dont l’origine n’est pas précisée sont émouvantes pour qui aime Roger Laporte. Roger Laporte a bâti, pendant plus de quarante ans, une œuvre qui tient dans le concept, renouvelé par l’écrivain, de biographie ­– soit une vie (titre donné au rassemblement des volumes parus chez P.O.L en 1986) qui ne s’éprouve, ne se fonde, que dans l’écriture qui la dit au plus ras, écriture qui n’écrit vraiment que dans cette épreuve même. Roger Laporte répète, à sa manière austère mais passionnante, le pas au-delà commencé par Blanchot vers un type d’écriture qu’il qualifie, à la suite de Barthes, d’intransitif (p. 31), tout en reconnaissant aussitôt l’insuffisance de cet adjectif. Intransitif car il n’est plus question de dire ceci ou cela, de communiquer, de critiquer, ou encore de décrire à la manière du roman, mais de quêter à l’intérieur de l’acte d’écrire un Graal « mais vraisemblablement sans Graal » (p. 32). Laporte rappelle les quatre types d’écriture qui furent les siens, allant du Carnet, à la Critique, à la Lettre, puis à cette « écriture majeure » intransitive, et achève ainsi son bref propos : «  (…) l’écriture majeure permet de s’approcher (…) d’un royaume transparent, mais où la lumière n’éclaire pas, d’un secret auquel peut-être nous appartenons, mais un secret hors de tout savoir comme de tout non-savoir ». Cette approche requiert une im-puissance littéraire et philosophique admirable.




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Fata Morgana
40 p., 10,00 €
couverture