par Ariane Lüthi
Dans la mesure où, aux yeux de Jean Lorrain (1855-1906), « les poètes sont des miroirs », ce remarquable volume, rassemblant son œuvre poétique, reflète la profonde passion du poète pour le Moyen-Âge ; une passion telle qu’il signe ses premiers poèmes Jehan Lorrain. « Un rapsode était né : don d’augustes parents, / De longs voiles de pourpre et d’or enveloppée, / La lyre étincelait dans les rameaux errants / D’un laurier rose en fleurs, près d’une haute épée. » En quelques vingt ans de vie littéraire, Jean Lorrain ne publie que cinq volumes de poésie, bien qu’il n’ait cessé, poète passionné qu’il fut, d’en écrire durant quarante ans. Né dès son enfance, cet amour de la poésie se retrouve dans son théâtre, ses contes, romans et nouvelles, chroniques ou chansons, et notamment dans sa correspondance. Alors que sa poésie n’a pas connu le même succès que d’autres de ses textes, elle a été appréciée par de nombreux contemporains tels Coppé, Régnier, Huysmans ou Leconte de Lisle.
Ce lourd volume, brillamment présenté, établi et annoté par un spécialiste de la fin du XIXe siècle, a le grand mérite de réunir Le Sang des dieux (1882), La Forêt bleue (1883), Modernités (1885), Les Griseries (1887) et L’Ombre ardente (1897) ainsi qu’une soixantaine de poèmes souvent inconnus non seulement du public mais aussi des spécialistes.