Keith Waldrop : Tant qu’il fera jour

 
par Sébastien Hoët

Roman réjouissant que celui-ci, qui permet de saisir un peu de la personnalité du poète américain auteur de ce drôle de recueil, Le vrai sujet, paru chez Corti il y a cinq ans. Le vrai sujet donnait un florilège des pensées d’un « Jacob de Lafon » inspiré de l’inscription ornant nos sanitaires. Ces pensées intriguaient, surprenaient, faisaient rire, par leur tour étrange digne d’un Bartleby qui philosopherait, interrogeant l’évidence depuis l’intérieur, lui faisant accomplir un insensible écart, dérisoire et troublant : « Jacob de Lafon n’est pas sûr de ce qu’il pense de la vie, mais il y est habitué ». Dans Tant qu’il fera jour, Keith Waldrop propose une autobiographie qui fait la part belle à la figure de la mère, une femme hors du commun, hypocondriaque, professeur de piano dispensant ses leçons là où elle le peut, dans une Amérique du Sud qui semble dater des années 1850 tant elle est hantée par la superstition religieuse dont la mère de l’auteur est d’ailleurs un exemple plein de saveur. Les frères de Keith sont eux aussi des personnages hauts en couleur, plus ou moins brigands, s’improvisant « médecin psychologique » ou cuisinier avec une aisance qui étourdit. On comprend qu’un poète ait été fabriqué dans un tel bain de vie.




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L’Attente
260 p., 19,00 €
couverture