Jean Marie Blas de Roblès : Hautes Lassitudes

 
par Sébastien Hoët

L’écrivain a beaucoup voyagé, dans le monde et dans la littérature, entre le roman et le poème. Hautes Lassitudes porte la trace de ces voyages spatiaux et formels, le vocabulaire employé est riche, parfois difficile, exigeant, hautain, « vibrations palpébrales de l’urgence » (p. 28), mais aussi contrasté, parfois trivial, « la vérité toute moche » (p. 50) ou « Libre douleur.fr » (p. 55), et ces contrastes qui vont jusqu’au heurt créent l’impression d’une courbe baroque, brisée, courant le long d’un recueil opulent, sensuel, profondément vivant. Cette vie, à son tour, demande d’être chantée : « Quant à chanter, je chante encore ce que c’est que d’être homme et de rire et de vivre en houle vaste de vivants » (p. 9). Le début du recueil est tout entier dans ce chant, dans cette célébration et cette incantation de l’homme, même au milieu des ruines d’un Orient rêveur. On le devine fragile, cet Orient, enténébré d’un « rien » donnant sa lumière de couchant aux poèmes, et cette vie dont on avait senti le pouls insistant insiste certes, mais comme une fatigue, une lassitude qui tarde à verser dans l’extinction finale : « Si lentement je meurs / Que c’est à peine si j’endure / La sottise de vivre. » (p. 39).




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Dumerchez
72 p., 17,00 €
couverture