par Stéphane Nowak
Ce texte bref se présente comme le déploiement d’un récit à trous, figurant et défigurant. Ellipses narratives – la sexualité n’est plus une succession d’étapes mais un processus global – et élisions grammaticales – des compléments deviennent sujets et réciproquement –, un récit porté par un leitmotiv scandé par le pronom indéfini quelque chose. La linéarité du récit est donc rythmée par le retour du même qui court-circuite toute illusion réaliste. Yannick Torlini, dans Nous avons marché pratique également cette forme de récit scandé par un énoncé répétitif. Mais ici l’énoncé n’est pas verbal, il est pure matérialité, travail du neutre. Les protagonistes, lieux et temps sont masqués. Les silhouettes ne sont pourtant pas rendues abstraites ou évanescentes, elles sont au contraire identifiées par des parties de corps. Nulle assignation au partage pénétrant / pénétré, l’acte sexuel devenant au contraire un lieu de désactivation, espace neutre où les corps sont désubjectivés au profit de l’émergence de ce « quelque chose », pure matérialité sonore et corporelle renvoyant l’érotisme, à la suite de Bataille. Quelque chose qui sort quelque part du récit.