Petite comme le campagnol courant sous la peau dont elle porte le nom, Muscle paraît tous les deux mois, publie deux auteurs à chaque livraison et se plie en quatre en une belle maquette couleur caméléon signée Clara de Asís. Difficile de dire si Arno Calleja et Laura Vazquez étayent par ce projet qu’ils portent hardiment une esthétique d’emblée discernable, de sensibilité locale, sous l’influence d’époque de la vivacité ambiante des blogs, une poésie à la réactivité subjective intense au point qu’elle définirait un nouveau genre, celui d’une poésie judicative, d’une poésie d’opinion, qui serait la version individualiste et pudique, cernée, de la poésie engagée d’autrefois, doxa collectiviste aujourd’hui retombée, quand on prêchait si fort pour la Civilisation à portée de volonté. Difficile de le dire tant le programme de publication s’annonce pluriversel, avec Emmanuel Adely, Antoine Bréa, Julien Blaine, Marc Cholodenko, Antoine Boute ou Tao Lin. Retenons que l’objet est simple et beau, léger et furtif, moderne et élégant, complice et intense, friandise dans un format idoine et sans bavardage. Tendu ou décontracté, tonique ou hyperlaxe, aventurons-nous donc à y palper un jeune moteur à poésie.