Jean Maison : La vie lointaine

 
par Alexandre Ponsart

L’ouvrage de Jean Maison, La vie lointaine, se compose de trois petits poèmes. La langue y est mise à l’honneur et plus particulièrement la poésie.

Ici, il est question de naissance. Plutôt de renaissance. Tout commence avec Ce qui adviendra. Nous surgissons avec les mots amour, cœur, terre, grain et nous nous laissons porter sur la mer qui n’est autre que le poème. Nous naviguons sur un navire sans amarres non pas vers le passé comme on pourrait le croire dans une lecture rapide mais vers l’avenir. Vers la vie lointaine.

Lors de cette traversée du présent, on croise des ruines de l’avant-guerre qui nous ont vus parler. C’est que notre époque est marquée par une certaine violence. Physique et orale. La langue semble se dessécher, s’effriter. Destin sans dialogue, l’obscurité froide nous effraie et nous captive.

Avec l’espoir, ce paysage fait progressivement place à la Parole. Sur le ventre des eaux, présage d’une parole. C’est maintenant qu’il faut se réveiller et agir. Le corps dit mot, il plonge de tout son poids dans l’être qu’il annonce. Et c’est avec logique que Vivre dans le langage vient clore ce recueil.

C’est par la poésie, en tant qu’espérance, que Jean Maison souhaite nous faire prendre conscience de l’état actuel de la langue.

Ce n’est qu’après des jours de pluie
Que doit surgir, en un tableau,
Le printemps verdissant et rose,
Comme une nymphe fraîche éclose,
Qui, souriante, sort de l’eau.

(Gérard de Nerval, « Avril » dans Les Petits Châteaux de Bohême.)




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Rougerie
64 p., 12,00 €
couverture