D’autres langues que la mienne

 
par Jean-Jacques Bretou

Cet ouvrage fait suite à un colloque organisé par Michel Zink, spécialiste de littérature médiévale, sur les milieux littéraires et la circulation des textes. Circonscrit dans un premier temps au Moyen-Âge, il fut ensuite étendu, selon la volonté de son organisateur, jusqu’à l’époque contemporaine. On notera que M. Zink coordonna ce colloque à la manière d’un livre de façon à en faciliter la publication et la lecture. Ces langues autres que la sienne, on en a fait le choix ou elles nous ont été imposées. Leur étrangeté peut tenir autant à l’espace qu’au temps. Au Moyen-Âge, en France, à côté de la langue maternelle, vulgaire, il y a la langue du pouvoir, la langue des clercs : le latin. Langue apprise, langue parlée et écrite, langue considérée aussi comme plus apte à manier les concepts et l’abstraction. Langue souvent obligatoire mais parfois aussi utilisée avec bonheur. Au Japon, les lettrés ont écrit en chinois, mais, ne parlant que leur langue maternelle, ils dialoguaient « au pinceau » avec un Chinois. Plus proche de nous, Jacques Le Ridder mène une réflexion importante sur le choix de la langue maternelle dans l’Europe de Mauthner, Kafka ou Canetti. Il est question, ailleurs, des langues adelphiques et des novlangues et pourquoi pas de la mathématique comme langage. Enfin, une partie entière est consacrée à la langue de la poésie, le parlar cantado d’Yves Bonnefoy, ou les paroles d’étrangers de Celan ou du Bouchet. Et puis, Michael Edwards émet l’idée que la poésie est une langue étrangère à part entière. Il y aurait beaucoup d’autres choses à citer, cet ouvrage est passionnant.




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Sous la direction de Michel Zink
Odile Jacob
286 p., 23,90 €
couverture