Thomas Chapelon : Pulsation lente / La Demeure du vaste

 
Par Sébastien Hoët

Les deux livres de Thomas Chapelon sont faits de cette phrase très longue, syncopée, fragmentée, étirée, cassée par des blancs, puis reprise, relancée, interrompue, faisant sens ou décrivant par instants, pour à nouveau se perdre, qui est la marque de l’écrivain. C’est une longue respiration saccadée qui déborde le récit, ou l’impression, qui figure comme la difficile capture d’un rythme plus ample que celui de la seule humanité, un rythme cosmique oserait-on dire, lequel descend dans « le temps profond de l’espèce » (La Demeure, p. 19), passe par « la pluie       en mai » (p. 57) et « s’échappe du couteau / des écrans » (p. 75) puis finalement « s’éteint / Avec     le bien du soir de la planète » (p. 127). Dans les deux recueils la présence des arbres insiste, dans un climat de guerre parfois, de lassitude, où le poète cherche son rôle, où le langage se perd et se délite dans un amoncellement de signes parmi les signes contradictoires et difficilement déchiffrés de la nature : « Les   phrases des arbres / Leur langage, / Vous ne le comprenez pas, / Ils parlent » (Pulsations, p. 79). La nature, le monde entier, résonne d’un chant auquel l’homme ne prête pas suffisamment attention, enfermé qu’il est dans une société étroite et belliqueuse et dans des préoccupations personnelles névrotiques, et incapable dans ces conditions d’un contre-chant répondant au chant universel. Dans cette destruction généralisée de la signifiance, si ce n’est du signe, les écrits de Thomas Chapelon ne sont pas dépourvus d’une énergie, voire d’une hargne, vitales salutaires.




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Pulsation lente
L’Arachnoïde
128 p., 17,00 €

La Demeure du vaste
Dernier Télégramme
128 p., 14,00 €

couverture