Michèle Cohen-Halimi : Stridence spéculative. Adorno Lyotard Derrida

 
Par René Noël

Michèle Cohen-Halimi décrypte les situations d’un échange entre Lyotard et Derrida lors de deux décades à Cerisy, penchée sur l’urgence de recréer nos relations au monde qu’aucun différer ni déni ne peut anéantir. Lyotard cite la Dialectique négative d’Adorno, questionne Derrida sur la possibilité et les conditions du jugement après Auschwitz en 1980, lequel lui répond en 1982 par une autre question, ignorant Adorno. Ce dernier pèse le monde concret, le quotidien et l’histoire, tout concept et l’éternité même intégrés à l’action, critique la raison otage du mythe, les conditions de sauvetage de l’humanité ne pouvant faire l’économie de l’inhumanité1. Hégélien contemporain, Adorno pratique la négation justifiée afin de briser les volontés inconscientes et délibérées d’obéir et de commander à cette possibilité, injonction toujours imminente intégrée à nos civilisations, d’agir de telle sorte que la répétition d’Auschwitz ait lieu. La philosophe suit Lyotard qui reste sur le seuil, en retrait de sa question cruciale, défend un devoir être éthique sans perturber les atavismes de la pensée, Derrida qui préfère ne pas lire Adorno, celui-ci fidèle aux lumières, attentif à relever les mensonges et les créations décriées du progrès.


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Payot
« Critique de la politique »
332 p., 26,00 €

couverture
                                   

1. Citant Voltaire écrivant qu’après le tremblement de terre de Lisbonne, la philosophie de Leibnitz n’est plus crédible, Adorno écrit qu’Auschwitz exige de la philosophie qu’elle change radicalement.