Par Luigi Magno
Ce tome, riche en documents, est d’abord un outil pratique permettant la (re)découverte de tout un pan des poésies visuelles, concrètes, performatives, sonores, graphiques, autant de pièces aux médias et aux codes brassés, dessins, tracts, affiches, posters, photos, et autres matériaux de poésie totale (Spatola) qui ont nourri les deux premières séries de la revue Doc(k)s.
Dans l’esprit hétérogène qui a toujours été l’une des marques patentes de cette revue, les prélèvements anthologiques font à nouveau coexister dans un même volume des noms aussi éloignés que ceux de Francis Ponge et John Giorno, ou encore de Jirì Kolár et Claude Royet-Journoud (pour n’en citer que quelques-uns parmi des centaines). Mais c’est justement dans ces rapprochements inédits et cette pluralité irréductible que se niche l’un des traits spécifiques de Doc(k)s. Ces Morceaux choisis montrent à nouveau comment, loin du fourre-tout poétique, cette revue – en précurseur du web ? – a pensé la poésie en réseau, comme une forme d’intervention politique et sociale, un « langage de l’action », un travail de déconstruction et décodage des langages du pouvoir, voire comme un chantier ouvert à toute sorte d’objet revendiquant une idée forte de sa propre poéticité.