Claude Favre : A.R.N. agencement répétitif névralgique_voyou

 
par Jean-Pascal Dubost

Il n’est guère de poètes qui ont et expriment autant nécessité d’écrire, quoiqu’il en soit et à tout prix. « Je veux la grammaire vivre », écrit-elle, en explosion de mi-colère et de mi-joie ; elle a faim, faim d’écrire jusque dans l’éternullité (Jules Laforgue). L’écriture poétique de Claude Favre est un savant corps à corps avec la langue qui fait des « crispes, crampes, nœuds » syntaxiques et provoque ruptures et changements et torsions, tant l’esprit est mal-bringuebalé et refuse d’être blackboulé hors du monde, et veut aussi bien caresser ; « ça fait du bruit un corps pour vivre ». Alors, elle parataxe à grande vitesse, parce qu’elle contient une multitude qui ne demande qu’à s’exprimer, une multitude d’elle qui bout intérieurement, alors, « un mot c’est un galop », et fait revivre dans les trous et les silences, devient, à force de vitesse, provocateur « d’éblouissements d’étourdissements ». Voilà une écriture heurtée, qui s’aheurte au réel de vivre la mort constamment près de soi, car le réel, ce n’est rien, mais c’est trop, alors il faut bouger, avec ce qu’on a, les mots, qui, cœur ou poumons, « un mot c’est matière et sang », sont organes de vie, chez Claude Favre.


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146 p., 10,00 €