par Narciso Aksayam
Ciselé d’ombres d’ombelles sur le grain d’un sol de glaises et d’averses perdues, c’est enchâssé dans un coffret à rabats tissés ivoire que se détachent en simples livrets les feuillets pliés de ce recueil fait main et diffusé par la coulisse. « Se détachent » car tout y est distinction, détail élu, minutie de sensibilité comme de lexique. Absence, frémissements, dentelles émotives, métaphores préposées aux pudeurs d’une contemplation fragile, dépossessions de courbes, d’étreintes, de hantises savourées, chuchotements épurés de frondaisons, agitation d’âmes étendues en grands lacs sobres de durée, menue monnaie de regards volés au Monde… tout est ici écrin dont le craquement ouvre, comme la coque d’une noix, des cerneaux fondants d’existence, et laisse couler sous la langue le suc boisé d’être pierre, sarment, pétale, poussière, lueur sur un chemin d’effacement auprès des sources perceptives de toute intimité. Un chœur apprivoisé de feuillage laisse récolter ce qui se devine d’une poésie d’à peine, d’orée, de précession et de colifichets brisés – ce qui s’esquisse timidement d’une poésie d’égratignures perlée de sang que tarit la pulpe de lèvres accroupis, infimes gorgées de syllabes humbles mais amassées pour l’offrande, poésie que tait sa circonstance rouée. Alluvions instables d’indulgence, sans trop bouger – parcourir.
Chez l’auteur
50 exemplaires numérotés
80 p., hors commerce