par Vincent Barras
Livre de poésies ? Scénario, ou plutôt notes d’un film à venir, qui sera un hommage à Carl Einstein, scénariste de Renoir pour Toni, produit par Pagnol, en 1934 ? Ciné-roman ou album illustré fait d’une collection de cartes postales de Marseille du début du siècle ? Hommage à Fernandel (dont le portrait photographique vient s’ajouter tout à la fin du livre, comme une « mise en abîme de ce qu’on appelle le paratexte ») ? Tout cela à la fois, certainement – mais tout dans ce livre est davantage suggéré qu’explicitement expliqué – s’il s’agit, de façon un peu précieuse (je parle du paratexte, précisément), de « faire poésie ». Il s’agit en même temps une réédition (retouchée augmentée de l’hommage fernandelien) d’un ouvrage paru en 1983 aux éditions Spectres Familiers (Some post cards about C. R.-J. and other cards), la première partie dudit ouvrage étant, qui plus est, déjà parue en 1981 dans un numéro d’Action Poétique. Vingt-quatre cartes postales anciennes donc – « des vues et des visions », selon les auteurs –, réécrites à la façon de palimpsestes, qui fonctionnent, mises bout à bout verso, comme un journal, mais qui pourraient aussi, mises bout à bout recto, constituer le début d’un film, sa première seconde. Tout un programme, tout un drame, tout un jeu, qu’on saisit fugacement, entre les auteurs, leurs fantômes, leur Marseille et ses propres fantômes.
— Article publié dans CCP n°14, 2007.