Par Katy Rémy
« Je ne ressens pas les choses à travers un langage conceptuel ou poétique, je les ressens plutôt à travers des images visuelles accompagnées de quelques mots. »
Dès dix-sept ans, Alejandra Pizarnik (1936-1972) est publiée. Voyages, lectures, traductions, poèmes en français. L’œuvre produit est important, mais la diversité des techniques, des supports, justifie la lecture de cette thèse, illustrée en couleurs, à propos d’un fonds déposé à Princeton. L’énorme travail accompli pour l’œuvre de cette grande poétesse argentine, rend compte méthodiquement de la genèse et de l’accomplissement de ce qu’on peut comprendre tantôt comme poésie et tantôt comme tableaux-écritures. Alejandra Pizarnik y est corps et âme l’objet qu’elle conçoit et produit, et seulement ça. Voir pour écrire. Petite machine sadienne, c’est un voyage initiatique. Éparpillés, les repères biographiques évoquent parcimonieusement une personnalité dépressive, qui après quelques internements, parvient au suicide. La lecture de ce livre exige du temps, et conduit inévitablement à lire, ailleurs, l’Œuvre poétique traduite par Silvia Baron Supervielle et Claude Couffon, chez Actes Sud, le Journal traduit par Anne Picard aux éditions Corti, les poèmes traduits pour les éditions Unes par Jacques Ancet, et les livres traduits par Jacques Ancet et Étienne Dobenesque publiés par Ypsilon.