Jérôme Bertin : Un homme pend

 
par Alexandre Ponsart

Un homme pend est le premier livre de Jérôme Bertin publié au feu sacré. Il s’inscrit dans la suite de ses autres livres – publiés notamment chez Al Dante. Le ton est donné dès la couverture qui est une photographie de Maxime Ballesteros représentant un agglutinement de pigeons sur le sol goudronné. L’éditeur prévient : « misère affective et sociale, addictions, solitude, pulsions (…) sont les thèmes qu’il n’a jamais cessé de travailler ». Toutefois, il semble possible de compléter cette liste par son attrait pour le corps – de la femme et de ses capacités sexuelles.

Le livre se lit assez rapidement du fait de sa composition puisqu’il est entrecoupé de passages en prose et de poèmes en vers assez brefs :

C’était quoi cette merde. Un couple de frères pédophiles. L’avant garde de l’enfer. Deux vieux bonhommes seulement varices et pétant puant. Peut-être un peu de tout ça. Quoi qu’il en soit j’avais trouvé le décor glauque et malade de mes poèmes à venir.

une bande de
scotch
jau-

ni pareil
à la
brochette de

mouches
et l’
odeur du lisier

L’auteur use d’une écriture saccadée, simple, accompagnée de stéréotypes et d’« images clichées » pour décrire des instants de vie. Existence marquée d’une certaine atmosphère souvent lourde et pesante, crasseuse, faite de soirées et de rencontres en tout genre ayant parfois comme décor Marseille. Marseille est chaude, comme ses voiles maquillés qui tiennent le regard quand on les croise. J’aimerais baiser un voile. Au moins une fois. Ce serait excitant. L’impression de faire commettre un péché. Un crime. Ma crème pousse. (…) Toute cette peau d’orange me donne la pêche. (…) Mes cibles meurent à 100 à l’heure. Un dernier coup ce serait bizarre. Leurs vieilles cuisses ne se touchent plus qu’entre elles. Que ne donneraient-elles pas pour une petite douche de foudre.

Il faut – arriver à – s’éloigner de cette toile chaude et tièdel’ignorance forge des esprits soumis à la consommation à outrance et à l’égoïsme le plus lâche. Le salut (et ce fut le cas pour l’auteur) est dans le savoir. Il m’a fallu attendre mon année de Terminale pour qu’une enseignante (…) me fasse découvrir Nietzsche et Artaud. (…) Je me suis mis à lire follement avec excès. Je ne connais que l’excès. Et c’est dans l’excès que l’auteur se sent pleinement vivant.




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Le feu sacré
56 p., 9,00 €
couverture