Xavier Evstigneeff : Ce Presque Là

 
par Narciso Aksayam

Déjà Cécile Mainardi1, Maxime Actis, Patrice Luchet, Hugo Pernet, Vincent Lafaille… C’est avec Xavier Evstigneeff que Série Discrète avait ouvert son catalogue poétique dans notre bibliothèque intime, avec rabats en 170 g ivoire et reliure cousue-collée main. Entrée en douceur, avec les saveurs goûtées toutes de lenteurs des rencontres et des façonnages appliqués, minutieux, attentifs.
Ce Presque Là, – Si proche, note presque tenue, diapason de la trace, imputrescible reste d’une présence éteinte, à venir, manquante à sa place, dépôts, à la lettre, qui soit mesure, et palpation tâtonnée, – Ce Presque Là, disons-nous, égraine jour après jour, en replis, en écarts, éparpille, dissémine, duplique et déborde, une série d’ombres fragmentées, émiettées sur la page, comme les jalons anxieux du Petit Poucet de Perrault égaré par ses parents, ascendance unique et dupliquée de chair, déplacé, dans des forêts de signes clairsemées, dans un silence d’ogre dévorant la page. Un vide à la place, scande, disjecte, une stase d’entre les lignes, morcelées, qui ne sont plus que simulacres sans symétrie, parfois rompues, parfois agglutinées, parfois phrase dans la longue attente de plusieurs feuillets tournés, rectos seuls, haïkus coupés. Ainsi peut-être d’un Derrida dans le blanc Oui qu’il avait évité, ainsi d’un Du Bouchet sans labour ni rocaille, ainsi de semblables mais perdus, pas, oubliés peut-être, effacés par un silence incarné, acharné, que l’œil devine, dans le blanc verso, incessant, pas tout à fait, ni au-delà, pas exactement, là, presque, déictique, indiqué, à peu près, signifié : intentionné.




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Série Discrète
104 p., 9,00 €
couverture

1. L’Homme de pluie paraîtra à la rentrée 2017.