Pascal Commère : Aumailles

 
par Étienne Faure

Aumailles rassemble des textes de Pascal Commère, dont certains étaient devenus introuvables ou effacés de la circulation et de la lecture. Douze ensembles composent cet ouvrage précédé d’un « Avant lire » où Pascal Commère nous parle de ce nouvel assemblage. Réunir en un volume nouveau des poèmes jusque-là dispersés dans maints livres, est toujours délicat, mais aussi l’occasion de reformer « quelque chose de différent », de reprendre « l’infini tricot ».

C’est le plaisir du (re)lecteur de découvrir ce nouvel agencement qui associe poèmes composés en vers, parfois en un seul vers (où semblerait passer en silence le grand Guillevic : « Je dure, dit le caillou » ; « Libre ça veut dire quoi ? demandait le sentier »), parfois légèrement disloqués ou tirant vers la prose, la presque prose (Les commis). Le Carnet retrouvé d’Islande se rapproche de la note, mais pas tout à fait. Dans l’introduction au substantiel recueil anthologique Des laines qui éclairent  Pascal Commère parle du poème en vers et de la prose comme deux activités qui se tournent le dos, l’une étant davantage « au pas », l’autre plutôt « au trot », même si les deux activités demeurent indivises. C’est bien le cas ici. Beaucoup d’animaux sont présents – des insectes, des oiseaux, des bovins… – non pas comme un bestiaire exhaustif, mais comme la réunion de ce que le regard peut atteindre de minuscules acteurs, ou déjà plus gros, à portée de paysage. Des bêtes aumailles « que le bonheur d’un adjectif disparu de notre langage réunit ici ». Et c’est aussi, entourant ces animaux, l’herbe, les graminées, la terre, le vent, la bouse, les brouettes, les silos, les dimanches… qui viennent se concerter dans ce subtil ensemble. Démarche spécifique, puisque la collection « voix de passage » vise à présenter des textes choisis et introduits par l’auteur, à destination des scolaires. Ambitieux cheminement que d’aller vers de nouveaux lecteurs – poètes en herbe ? – et de les relier à ces textes « avant / que l’encre sur le buvard s’inverse, et sèche. »




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Les Découvreurs
« voix de passage »
88 p., 12,70 €
couverture