Nathalie Michel : Veille

 
par Alain Helissen

Tenu sur près de deux cents jours cette espèce de journal hâtif se démarque quelque peu du genre en ce qu’il emprunte une forme volontairement brève disposée en vers libres et mêlant des pensées profondes à une narration clairsemée d’actions du quotidien, cet ordinaire insignifiant où se réfugie volontiers Nathalie Michel, comme dans un vide bienfaiteur. Les mots peuvent, écrit-elle, ils sont plus forts que nous. Mais ils fuient aussi. Ceux alignés ici sont peut-être, ainsi que le suggère l’auteur, « une béquille au poème qui ne se fait plus ». Quelques indices parsemés dans l’ouvrage évoquent un cancer de la gorge dont souffrirait la narratrice. Mais elle reste très discrète sur sa maladie, préférant s’attarder sur l’inqualifiable condition des réfugiés ou sur d’autres maux du monde. Face aux oppositions qui séparent inévitablement les êtres, la vie garde toujours le dessus. Alors, poursuit Nathalie Michel, « on reste en veille, on se tient éveillé, coûte que coûte, dans les sons, dans le papier, dans la défonce, dans le sexe ». Et quand la joie l’envahit elle voudrait se glisser dans chacun d’entre nous pour qu’on en jouisse à notre tour. Pour qu’on danse tous ensemble, enfin.




Share on FacebookTweet about this on TwitterPin on PinterestShare on TumblrEmail this to someone
Lanskine
92 p. 14,00 €
couverture