Jean-Charles Massera : Gangue-son

 
par Benoît Auclerc

Gangue son est le premier livre de Jean-Charles Massera, paru initialement en 1994 chez Méréal, aujourd’hui republié par les éditions La ville brûle. « Trente-trois chapitres pour se désancrer », dit le dernier d’entre eux (repris en quatrième de couverture). De fait, on voit bien comment Massera se débat ici avec ce dont il hérite au moment où il commence à écrire : le post-textualisme (avec une obsession, étrange vue d’aujourd’hui, pour Sollers), les bruits du corps (Prigent), les grands-pères inquiétants (Céline en premier lieu). Le livre est une suite de tentatives pour reconnaître « la nature phonétique » de la langue (le son) et trouver une forme à la phrase (la gangue). L’un des derniers chapitres récapitule ces tentatives qui s’avèrent, pour la plupart, des voies sans issue, des désillusions, du moins des « pertes de croyance ». Parmi elles : « la force de frappe allégorique », « la phrase aromatisée », « l’injection de métaphores filantes ».
Massera reconnaît dans l’avant-propos que ce qu’il a fait depuis s’est développé à côté de ces essais, voire contre eux. Mais pas seulement : le minimalisme américain, « l’american way of writing », la puissance déréalisante de l’image télévisée, sont déjà là, qui continuent depuis lors de l’animer et de l’inquiéter.




Share on FacebookTweet about this on TwitterPin on PinterestShare on TumblrEmail this to someone
La ville brûle
« Rue des lignes »
103 p., 9,00 €
couverture