Alexandre Pouchkine : L’heure de la nuit

 
par Agnès Baillieu

À chacun son Pouchkine ? Au-delà des mythes, ou du mythe, en tout cas, au-delà des conventions (le poète national, progressiste, le don juan, le novateur, l’artiste absolu…) pour ce volume. Certes les huit dernières années de sa vie correspondent à la pleine maturité du poète. Il se met à la prose, passionné par Chénier, Shakespeare, Dante, les vieilles chroniques russes, la Bible. Mais ses lecteurs lui reprochent de traiter des sujets insignifiants, insensibles à sa « simplicité ». Et la mort est omniprésente dans des vers de plus en plus sombres, qui soulignent le caractère sacré de l’œuvre poétique. Dans ce volume bilingue qui offre plusieurs reproductions des manuscrits de Pouchkine, Christiane Pighetti a choisi quarante-trois poèmes écrits entre 1826 et août 1836 (Pouchkine meurt en janvier 1837). La forme brève est fréquente, et les octosyllabes dominent : on les retrouve dans leur traduction, dont la souplesse et l’économie parviennent à restituer la limpidité du poète, sa vivacité aussi, sa subtilité. Cette édition est d’autant plus précieuse que cinq poèmes sont donnés dans leur texte original, initialement soustrait à la censure et rétabli à partir des manuscrits. On pense à « La mission du poète », discours bien connu d’Alexandre Blok (1921) : « À mesure que la vie de Pouchkine allait vers son déclin, elle rencontrait toujours plus d’obstacles sur son chemin… Pouchkine est mort… C’est le manque d’air qui l’a tué… Le poète meurt, parce qu’il ne peut plus respirer ; la vie a perdu son sens. » (Traduction de Jean-Louis Backès.) 




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Traduit, présenté et annoté par Christiane Pighetti
La Différence
« Le Fleuve et l’Écho »
192 p., 17,00 €
couverture