Sébastien Smirou : Un temps pour se séparer

 
par Jean-Jacques Bretou

Le titre de ce livre, Un temps pour se séparer, fait écho à Un temps pour s’étreindre, ouvrage de poésie que publia Sébastien Smirou en 2011. Ces deux titres empruntés à Qohélet (l’Ecclésiaste) ne sont pas sans évoquer, surtout si l’on sait que Sébastien Smirou est psychanalyste, la good enough mother (mère suffisamment bonne) de Winnicott ; il s’agit d’ « entourer » suffisamment l’analysant qui peut en avoir besoin à un moment donné de la cure puis de « relâcher l’étreinte » et de se distancier. C’est en effet, sous l’angle analytique que l’auteur a choisi d’écrire cette « biographie » de l’un des plus grands photographes de guerre : Robert Capa. Si l’exposition organisée à Budapest en l’honneur du centenaire du reporter et l’accès aux archives Capa ont sans doute été les déclencheurs de ce travail, c’est, en effet, en tentant un transfert sur Endre Friedmann (alias R. C.), en se « Capaïsant » que Smirou va mener son enquête. Un question essentielle l’obsède : comment cet homme qui passa une grande partie de sa vie à affronter la mort pour prendre des photos (on se souvient du cliché du républicain espagnol en train de tomber alors qu’il vient d’être frappé d’une balle à la tête) a refusé de prendre en photo la libération des camps, notamment de Majdanek. Ce livre qui constitue, de par la profession de son auteur, l’une des plus intéressantes approches biographiques est à lire absolument.




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(Notes sur Robert Capa)
Hélium
160 p., 13,90 €
couverture