Jean-Claude Milner : Relire la Révolution

 
par Patrice Corbin

Relire la Révolution, c’est en somme la proposition de Jean-Claude Milner. Une relecture qui permet de saisir la Révolution française comme un acte de césure, un questionnement sur la politique et les catégories du temps historique. C’est la Révolution de 1789 qui donne naissance à ce que l’auteur appelle la « croyance révolutionnaire ». Qu’est-ce que le mot « révolution » nous dit dans l’exercice d’une « anthropologie du nom » à laquelle se livre l’auteur ? Quel résultat d’analyse nous est proposé sur le champ du réel ? Qu’est-ce qui dans cette enquête sur le nom nous permet d’appréhender la révolution comme action subjectivée par la nécessité de transformer la réalité sociale ? Milner dresse un véritable panégyrique de la Révolution française et non moins en ce qui concerne Robespierre. Il fait de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen l’acte fondateur de l’événement révolutionnaire ; c’est la Révolution de 1789 qui « a donné des droits de l’homme et du citoyen une définition entièrement originale ». Le matérialisme démocratique, dont se réclame notre auteur, s’oppose catégoriquement au matérialisme dialectique tel que définit par Marx. L’identification du « corps parlant » est le trait fondamental de la Déclaration, il induit un droit inaliénable dont celui à la propriété privée, droit qui entre en contradiction avec un droit à conquérir par un peuple privé justement de celui-ci. Si les « corps parlants » et le droit à la propriété privée sont un principe absolu et inaliénable, conséquemment toute possibilité d’émergence d’un autre droit qu’il serait juste d’appeler « prolétarien » est rejetée. Mais pour Milner tout semble dit : « il n’y a de radicalité que létale […] n’importe quoi peut être présenté comme radical […] la demande de radicalité prépare à accepter n’importe quoi ». Résumons sans simplifier pour autant la pensée de l’auteur : toute révolution prolétarienne reposant sur la stratégie marxienne ne serait qu’un coup d’État, un effet de révolution meurtrier.




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Verdier
« Philosophie »
288 p., 16,00 €
couverture