James Sacré : Un effacement continué ?

 
par Ludovic Degroote

Avec ce volume, James Sacré poursuit une suite de poèmes consacrés à la figure de son père, décédé1. Datés du jour de leur écriture et de leur reprise éventuelle, ceux-ci sont classés chronologiquement, ce qu’on peut comprendre comme une manière de souligner la présence récurrente de cette figure et le caractère arbitraire du classement. En effet, à travers ces six années, dans les très nombreux lieux que mentionne l’auteur – voyages ou rencontres littéraires –, les points d’appui qui lèvent le souvenir du père sont variés ; s’il s’agit souvent de paysages ou de gestes à caractère agricole, ce peut être une église ou une ville, un besoin du corps ou une exposition de William Blake. Les pérégrinations dans l’espace favorisent autant de pérégrinations mentales, qu’elles s’articulent à des souvenirs précis qui tiennent de faits (« Je n’invente pas mon père ») ou à des interprétations de ce père à « l’amitié mal donnée », parfois moqueur parfois buté, dont la solitude semble rejoindre celle du fils (« En ta solitude rentrée, la mienne »). La double dimension narrative et descriptive permet de bâtir le poème et d’ouvrir à une sorte de distance méditative nourrie par le palimpseste du temps et des images à travers lequel les mots permettent de relier le père et ce fils « inutile à ce que fut mon père ». L’écriture caractéristique de James Sacré, par ses vers cousus de rejets et de rythmes bougés par exemple, sert de fil à cette évocation plus interrogative que nostalgique qui montre aussi le fils à travers le père, dans « la solitude terreuse du temps ».




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Portrait du père en travers du temps, 2
Dessins de Djamel Meskache
La Dragonne
120 p., 18,00 €
couverture

1. Portrait du père en travers du temps, La Dragonne, 2009, forme le premier volume.