Jacquie Barral : Pointe du crayon – Punta del llapis

 
par Christophe Stolowicki

Jaillies d’un songe récurrent en crayonnages décidés d’un gris & blanc éclatant comme un magenta de Miro, un garance de malaise – biomorphes de goyesques figures gros textes et sérieuses, et sérielles, informes-nées d’esquilles, de tessons, de tronçons de coque, interrogent de page en page une « stridence de traits ou de cris d’oiseaux ». Jacquie Barral rêve en couleur et la pointe du crayon vibre d’ondes gravitationnelles. Le trait griffu disperse bientôt en vaste fresque de nocturnes moignons bagués de papier perforé, des gigots cerclés comme des barriques, des mutilés impressifs d’une commedia dell’arte, des volailles cou coupé d’une danse macabre, des stropiats pis sectionnés, pieds amputés en embouts de tuyau, d’exsangues bouches à feu de sabords chavirés en apesanteur – les attitudes plus parlantes où l’expression fait défaut. En méandres haut et bas des larves menacent un décapité de leurs pas de vis. En regard, en coupe l’ouïe flottante, jadis chauve une huître acéphale à filaments. Blanche, une page est tournée. D’un château de sable s’estompent les cheminées d’usine, les fortins de nuit. S’élève la tiare d’un plissé de nuages, écoutilles hautes un déglingué paquebot prend son envol. Scintillent nocturnes des méplats de roche.

 




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Texte catalan de Maria Lluïsa Sabater
Édition bilingue
Fata Morgana
56 p., 15,00 €
couverture