L’étrangère

 
par Tristan Hordé

La dernière livraison de L’étrangère s’ouvre avec des réflexions vives de Pierre-Yves Soucy sur la création aujourd’hui. On les complètera avec l’article bref et incisif du philosophe H.-P. Jeudy à propos de la mise sur le marché médiatique d’arguments comme produits de consommation. Un autre ensemble en prose, tout différent, rassemble les notes d’atelier de Michel Pagnoux, notes sur le lieu lui-même et sur le regard, avec des développements à propos de l’autoportrait puis de Bonnard. Enfin, une étude précise de Christian Ruby de la théorie esthétique de John Dewey clôt le volume. Le reste de la revue est consacré à la poésie, en vers ou non ; en dehors des vers de Sarah Plimpton, en bilingue, les auteurs retenus donnent une image très variée de la poésie francophone par ses motifs et les formes retenues : on pense à la ferveur de Pierre Voélin dans son « Poèmes en Arménie », à la ville devenue étrange sous le regard de Michel Collot, aux notations sur l’écriture de Stéphanie Ferrat (« Je ne fabrique rien, qu’un rempart à la mort, bol de mémoire pour que nous puissions être foudroyés ce soir »), à la voix rare de François Lallier dans ses poèmes sur le souvenir, le voyage, la fenêtre, etc.
On retiendra l’ensemble d’une quarantaine de pages, présenté et traduit par Thierry Faut, sur le poète chinois Li Yû (937-978). On y apprend comment le poète a changé la tradition des Tang, âge d’or de la poésie chinoise, en reprenant pour ses vers le schéma de la chanson populaire. L’éditeur a choisi de reproduire les très beaux caractères de l’écriture chinoise vis-à-vis de la traduction, et c’est heureux.




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L’étrangère
N° 40-41
La Lettre volée
292 p., abonnement annuel : 45,00 €