Jean-Pierre Bertrand : From red to red

 
par Francis Cohen

RED
ou
Jean-PierRE
BertranD et Jean-PierRe BErtranD avec Robinson DefoE

Il dit : « Shem quel est ton sujet ? »
Il entendit : « Mon nom. »

SHEM, Jean-Pierre Bertrand

 

Jean-Pierre Bertrand dit à Jean Daive : « Je ne sais pas s’il y a un secret. Non, je ne sais pas. Et puis dire non, c’est aussi dire oui, en fait. »1 Je ne sais pas s’il y a un secret, mais devant les rouges plasmiques ou les Shems de l’artiste, je vois un nom secret. Shem en hébreu veut dire le nom et signifie aussi nommer, je vois un nom, je vois un langage codé. Red est ce langage, Red nomme le nom. Red est une couleur dans le nom de Jean-Pierre Bertrand.

R est la dix-huitième lettre de l’alphabet, E la cinquième et D la quatrième : 18 = (5 + 4) x 2.
R contient E et D, 5 + 4 multiplié par 2. 54 est un récit de Jean-Pierre Bertrand, 54 est dans le nom de Jean-Pierre Bertrand qui comprend 18 lettres : (5 + 4) x 2 x 3 = 54. 54 est aussi l’âge de Robinson Crusoé au moment où il quitte son île. Red contient Robinson dont on sait qu’il est roux, ou inversement Robinson est présent dans tous les rouges plasmiques de Jean-Pierre Bertrand.

« Je suis dans la permanence de mon équation. »2

Comme le rappelle Patrick Javault « le roman de Defoe ne fut pas uniquement un livre mais le livre, celui qui permet de poser les bases d’un travail, de tracer des lignes d’exploration et d’inventer à partir de lui une façon de s’engager dans le champ de l’art. »3 Robinson et DefoE4 sont les deux noms schématiques des rouges plasmiques, Robinson et Defoe sont les noms d’un nom et Red est ce nom ou bien Red est le schème du nom de Jean-Pierre Bertrand.

Ce livre est publié à l’occasion de l’exposition titrée From Red to Red (6 x 3 x 1 formats + 4). 6 x 3 x 1 = 18 et les 4 du titre indique Patrick Javault sont les quatre grands formats rouges qui apparaissaient à l’entrée de l’exposition. Les 4 rouges de 54.

Qu’est-ce qu’un nom qui contient une couleur ? Le nom comprend une couleur, et l’artiste peint (avec) son nom. La différence entre une œuvre de Jean-Pierre Bertrand et le nom de Jean-PierRe BErtranD n’est pas visible : rapport infra-mince entre le nom et la couleur, entre le nom et le nom. Un nom fait voir, une couleur fait lire, la vision est une activité qui articule un vocabulaire et un monde. Ce qui se voit est déjà anticipé par la lecture, nous avons toujours lu ce que le nom donne à voir et la couleur compose décompose et recompose le nom qui se fait voir

365 jours après son débarquement sur l’île, Robinson fut agréablement surpris de voir qu’après avoir fait un grand feu pour rôtir de la viande, il trouva « dans le foyer un tesson d’un de [ses] pots de terre cuit dur comme une pierre et rouge comme une tuile. » Robinson avait deviné les rouges plasmiques de Jean-Pierre Bertrand.




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Avec un texte de Patrick Javault
éditions P
« Le cahier du Box »
32 p., 15,00 €
couverture

1. Jean Daive, Intégrale et Latéralité, Jean-Pierre Bertrand, Une approche phénoménologique, cipM, 2010.

2. Jean-Pierre Bertrand, « SHEM », Jean-Pierre Bertrand, Mettray Éditions, 2013, p. 257.

3. Découvrements, Patrick Javault, p. 24.

4. Robinson n’est pas roux sans DefoE.