Federigo Tozzi : Les yeux fermés

 
par Catherine Weinzaepflen

Livre étrange, inclassable, Les yeux fermés de Federigo Tozzi, auteur trop peu connu en France, mort à 37 ans en 1920 et que Philippe Di Meo traduit de façon magistrale1. La banalité du récit (une histoire d’amour entre deux adolescents) prouve une fois de plus que seule la forme est créatrice. Ici la prose pourrait être étiquetée roman, à mon sens il n’en est rien. L’auteur prend toute liberté quant à la chronologie des faits : ce sont ces sauts d’un moment à l’autre qui me font considérer le texte comme poétique. Federigo Tozzi juxtapose les descriptions de paysage (Sienne, Florence et la campagne toscane dans leur splendeur) à ce qui advient aux « personnages », sans transition – une manière qui équivaut aux blancs du poème. Du côté de la pensée se mêlent idéalisme et cynisme, un regard sur les êtres qui ne cesse de surprendre et témoigne d’une vraie liberté. Aucun naturalisme dans ce texte qui expose les faits en assumant le hiatus qu’il peut y avoir entre les rêves éveillés et la réalité. L’écriture, intense, se consume sur chaque page, qu’il s’agisse d’un paysage ou d’un état mental. La lecture de Tozzi est un plaisir de tous les sens.




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Traduit de l’italien par Philippe Di Meo
La Baconnière
204 p., 18,00 €
couverture

1. Philippe Di Meo a également traduit Les Bêtes de Federigo Tozzi (Corti, 2012).