Béatrice Libert : L’aura du blanc

 
par Christophe Stolowicki

Dépouillée, ponctuée des seuls blancs de ses laisses et des encres de Motoko Tachikawa – de politesse exquise hésitantes pastilles tachistes, auréoles arachnéennes qui se suspendent – une poésie incisive douce entaille par touches matutinales, sans l’effet de manche d’un rejet ni d’un enjambement, vers à vers le mors saisit le vif à la dentelle. Murmurées matines s’épand une qualité de silence conquise croche à croche. Condensé en une strophe et le distique d’un demi-envoi, son coupé le sonnet résonne, sonne le plein et le délié, diffuse un halo d’ajointement. Dans une aura de mots, leur banlieue solaire, « torve » retors le doute pascalien « instille un paysage debout […] dans l’infrarouge [d’une] vigilance ». Inquiète de « ne pas arriver à la cheville / De ses rêves et de s’en mordre la vie », « de s’être trompée d’écorce ou de cœur », Béatrice Libert détache par plaques son aubier. Bientôt l’intenable haut voltage bascule un vers du cinq à deux en quatre à trois, une consolatrice émollie le sonnet en haïku, de dérobade ascendante. « Pieds nus / Le chemin court / Jusqu’aux sandales du sous-bois ». Le chagrin de mourir s’empaume.




Share on FacebookTweet about this on TwitterPin on PinterestShare on TumblrEmail this to someone
Préface de Pierre Somville
Encres de Motoko Tachikawa
Le Taillis pré
96 p., 10,00 €
couverture