Michel Butor / Dan Graham : Conversation

 
par Lorenzo Menoud

– Et tu disais ?
– Enfin rien, nul, cet entretien est nul.
– Tu n’exagères pas ?
– Non, il y en a un qui dit à peu près n’importe quoi, préoccupé uniquement par la date d’anniversaire des gens dont il parle.
– Et l’autre ?
– Il est certes beaucoup plus juste, souvent convaincant, mais se retrouve prétérité par la forme improvisée de ce dialogue. Je t’assure, il n’y a vraiment rien à en retenir – à la rigueur quelques remarques sur l’enseignement et les ponts d’Istanbul. Pour le reste, qui était censé nous intéresser, les deux s’accordent à dire qu’ils ne savent pas trop ce que signifie le terme « poésie »1.
– Et alors, qu’est-ce que tu vas faire ?
– Je me suis dit que j’allais expliquer pendant les 457 signes espaces compris qui me restent la raison pour laquelle j’avais décidé de commenter cet échange.
– D’accord, mais sois bref, parce que c’est bientôt fini.
– Les poèmes schématiques de Dan Graham, qui n’énoncent que leurs propres propriétés physiques (qualité du papier, types de mots, taille des caractères…), ont une perfection autotélique inégalée. Quant à l’œuvre de Michel Butor, elle a révolutionné le roman et n’a cessé, depuis, de réaliser des expériences.
– Poésies donc ?
– Poésies !




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[entretien en anglais]
Edited by Donatien Grau
Afterword by Paul McCarthy
Sternberg Press
72 p., 12,00 €
couverture

1. Cf. p. 43 et 45.