par Luigi Magno
Que ce soit comme moteur diégétique ou comme « métaphysique implicite » de sa réception, la littérature (romanesque) trouve dans la mauvaise foi l’un de ses traits intrinsèquement constitutifs, voire un invariant. À partir de ce constat, que Blanchot résume en décrivant le roman comme « une œuvre de mauvaise foi » (La Part du feu), Maxime Decout se livre ici à une sismographie des variations littéraires de la mauvaise foi, à une déclinaison, à travers la littérature, de ce « mentir-vrai », apparente aporie entre sincérité et mensonge, authenticité et falsification. De Montaigne à Sarraute en passant par Mme de Lafayette, Laclos, Marivaux, Rousseau ou encore Proust, les lectures des textes s’échafaudent sous l’égide de Sartre, pour qui la mauvaise foi revient à « constituer la réalité humaine comme un être qui est ce qu’il n’est pas et qui n’est pas ce qu’il est ». On regrette peut-être cette volonté affichée de penser l’essai plus comme « le compte rendu d’une expérience et d’une pratique de la lecture et de l’écriture » que comme une contribution à une théorie de la fiction, du fictionnel, voire du fictionnaire.