Ludovic Degroote : Zambèze

 
par Thibaud Coste

Zambèze de Ludovic Degroote est conçu comme un journal fait de proses et de vers1 et relate un voyage de l’auteur en Zambie. Voulant parler de l’Afrique et du fleuve qui donne son titre au livre, l’auteur craint les « poncifs », les clichés et les images de « cartes postales ». Au fond, Zambèze raconte l’impossibilité du voyage, de vivre le voyage absolument. En Afrique d’abord (mot qui « ne signifie pas grand-chose »), puisqu’à peine appréhendée, déjà, elle redevient l’image d’elle-même. Dans la langue ensuite. Refusant la posture de l’écrivain-voyageur (« anti-gide, anti-leiris, anti-michaux »), il imagine « un bout de poème qui voudrait bien voyager s’il pouvait sortir de [son] crâne ». Dans son ensemble, Zambèze donne le sentiment d’un enfermement total dans la langue, dans une langue trop usée, manquant sans cesse le singulier, répétant le déjà dit. Ainsi, la rage de l’expression est mise de côté pour une manie du commentaire qui commente l’écrit qui se lit lui-même en même temps qu’il s’écrit2. En somme, si écrire est une affaire entre soi et soi, ce vers résume assez bien la démarche poétique de l’auteur : « il suffit de soi ».

 




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Unes
96 p., 17,00 €
couverture

1. On peut se reporter à la note de lecture d’Antoine Emaz publiée sur Poezibao pour une lecture probablement plus proche des intentions de l’auteur .

2. Certes, Ludovic Degroote précise qu’il n’est « pas plus ponge et ses structures savantes ».