Étienne Faure : Ciné-plage

 
par Ludovic Degroote

Avec Ciné-plage, ce n’est pas tant un film que nous propose Étienne Faure qu’un ensemble d’arrêts sur image. Dans des poèmes-tableaux de dix à vingt vers, quasiment tous composés d’une seule phrase qui méandre et se déploie, il montre des détails métonymiques de la vie et du monde ; chacun de ceux-ci, ainsi qu’on le trouvait dans ses livres précédents, est identifié, sous-titré si l’on veut, par un mot ou une expression placés en italiques au-dessous du poème. Ce n’est pas une coquetterie : cela laisse le lecteur libre de son entrée dans le texte. Treize ensembles de six à dix poèmes constituent le livre et peuvent donner une idée à la fois du contenu et du ton : Stores et jalousies, Ciné-plage, Chapeau Franz, Ôtaumne, T’as perdu ta langue, L’Europe au mètre, etc. – on le constate à travers ces titres, Étienne Faure s’autorise à parler de tout, situations ou anecdotes mettent en scène (ou à l’affiche) des choses ou des personnes qui témoignent d’un monde qui apparaît en creux. Qu’il s’agisse d’amour, du cycle des saisons, avec leurs renouveaux et leurs disparitions – le train de la vie –, de pays ou de paysages, de Kafka, de Marie de Gournay (présente à travers un étonnant dernier poème isolé), de politique, ou du théâtre du monde, le livre croise une vision plus désenchantée qu’elle ne pourrait sembler au premier abord avec un humour sans cesse à l’affût, le tout dans une langue attentive à sa qualité et un lyrisme qui ne se prend pas au sérieux.




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Champ Vallon
144 p., 13,00 €
couverture