Pierre Dhainaut : Voix entre voix

 
par Monique Petillon

Efface, éveille : cette magnifique injonction, titre d’un recueil de 1974 (Seghers), laisse entrevoir l’exigence féconde de l’œuvre de Pierre Dhainaut, poète du nord, né en 1935. 40 recueils, de Dans la lumière inachevée (Mercure  de France, 1996) à Introduction au large (Arfuyen, 2001) ou à L’autre nom du vent (L’herbe qui tremble, 2014). Une œuvre majeure et discrète, dont Voix entre voix esquisse les motifs. C’est à Anne Slacik que l’on doit la couverture de ce livre – une toile nommée « Piero » en hommage à Piero della Francesca : « Anne a peint ce que je cherche à entendre à travers les poèmes » écrit Dhainaut. Trois peintures séparent les trois sections du recueil.
« Échographie (I) » rassemble une première suite de poèmes. Évoquant les amis « en si grand nombre » partis, le livre est dédié à Jean Malrieu (1915-1976). Mais aussi à un nouveau-né fragile, et aux « enfants / qui jouent par tous les temps » ou tracent des signes sur une vitre embuée.

« Un souffle entre les souffles, la parole / apprenait ainsi à ne rien définir, / tu la gardais au creux des paumes et des lèvres, / de nuit, l’empêchant de s’éteindre ». Les notes d’« Échographie  (II) » précisent cette  poétique fondée sur « la passion d’acquiescer », sur le refus de la grandiloquence et l’accueil de l’imprévisible. « À travers nos limites, l’écoute reçoit l’illimité comme à travers le langage le silence ». Enfin, dans « L’approche autrement dite », neuf quintils s’allègent, aériens, à la lisière de l’impalpable, afin que, faiblissant, des voix fraient un passage à d’autres voix.




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Peintures d’Anne Slacik
L’herbe qui tremble
54 p., 14,00 €
couverture