Benjamin Péret : Les Couilles enragées

 
par Jérôme Duwa

L’année même où parut le recueil Le Grand Jeu chez Gallimard (1928), Benjamin Péret entreprend d’écrire ce récit joyeusement érotique, entrecoupé de poèmes, lesquels formèrent, un peu plus tard, l’un des deux semestres de 1929. Accompagné de quatre photographies sulfureuses de Man Ray, ce livre fameux fut publié en compagnie d’Aragon.
Ce n’est qu’en 1954 qu’Éric Losfeld diffuse pour la première fois l’ouvrage de Péret, alors intitulé Les Rouilles encagées, sous le pseudonyme de Satyremont. Il était illustré de dessins de Tanguy, qu’on peut regretter de ne pas retrouver dans cette nouvelle édition.
Les insatiables orgies de Branleur des Couilles-Molles et de Sixtynine, animées par un esprit furieusement anti-clérical, les conduisent tout naturellement à l’église dans un raz de marée de sperme. Une fois dans le lieu consacré, où les statues comme les hosties sont prises de frénésie sexuelle, Sixtynine donne enfin naissance au jeune Christ, rapidement démembré pour les besoins pressants de l’assistance.
Quoique plutôt « mal foutu » selon le témoignage amusé de son auteur à André Breton, on ne peut rester indifférent à l’humour de ce récit sous la double ascendance de Sade et Apollinaire. L’imagination du lecteur soulagée, il ne manquera pas alors de jouir comme un étang au soleil.




Share on FacebookTweet about this on TwitterPin on PinterestShare on TumblrEmail this to someone
Illustration de Killoffer
Prairial
72 p., 8,00 €
couverture