Art & Language : Made in Zurich

 
par Olivier Quintyn

Les stratégies habituellement associées au collectif Art & Language en font un des acteurs majeurs d’une période héroïque de l’art conceptuel : en tant que groupe collaboratif à géométrie variable mettant à mal l’auctorialité artistique traditionnelle, le collectif, accompagné d’une revue mêlant déclarations spéculatives et textes-manifestes d’artistes proches, ne visait rien moins qu’à transformer la structure institutionnelle des arts plastiques, en substituant à la volonté expressive d’originalité et à la visualité prédominante le caractère propositionnel et allographique du langage écrit. La série très ironique des Paintings des années 66-67 s’inscrit dans cette visée, qui semble précisément évacuer la peinture par une opération de rémédiation à vide de son cadre formel : un texte dactylographié est imprimé sur une toile et tient lieu de « zone » picturale. Ce dispositif critique fonctionne par interférence de formats : il ramène l’étiquette « peinture » à un terme générique, en échantillonnant les conventions plastiques de la « fenêtre » frontale découpée sur un fond neutre, pour donner à voir un texte à très haute teneur réflexive et critique vis-à-vis d’une conception autonome et esthétisante des œuvres d’art.




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Selected Editions, 1965-1972
Bernard Jordan
120 p., 28,00 €
couverture