Black Mountain, an Interdisciplinal Experiment, 1933-1957

 
par Gérard-Georges Lemaire

Le Black Mountain College demeure encore aujourd’hui en France une sorte de mythe. Ce n’est que très récemment que deux ouvrages ont paru sur la question en français1. C’est déjà beaucoup mieux que le flou artistique qui régnait autour de cette institution à cause de quelques poètes, musiciens et artistes qui y ont pris part. Quand il a été fondé, on a trouvé dans son comité d’honneur Albert Einstein, John Dewey et Josef Albers, l’un des plus grands noms du Bauhaus à la fin de son histoire en Allemagne au début des années trente. La création de Black Mountain College remonte en 1933 (l’année du démantèlement du Bauhaus) et son objectif est de dispenser un enseignement complètement différent de ce qu’on connaissait jusque là2. Il voit le jour cette même année près d’Asheville en Caroline du Nord. Josef Albers et sa femme Anni, l’une des plus grands spécialistes du tissage, ont entretenu pendant longtemps un lien avec l’école allemande dissoute, en invitant de nombreux architectes et designers comme Walter Gropius ou Marcel Breuer. Puis fait son apparition un étonnant architecte utopiste américain, Burckminster Fuller. Dans le domaine pictural, le Black Mountain College a fait appel à de grands peintres européens, comme Lyonel Fenninger, et à des créateurs de l’avant-garde américaine qui se révèlent pendant les années quarante : Wilhelm de Kooning, Cy Twombly, Robert Rauschenberg, Franz Kline. Quant à la musique, c’est le nom de John Cage qui domine, et dans celui de la danse, Merce Cunningham.
Dans cet ouvrage très touffu, plein de documents passionnants, les différents auteurs nous font comprendre comment fonctionnait chaque type d’enseignement et comment ils pouvaient agir les uns sur les autres. La littérature, surtout la poésie américaine s’y est renouvelée sous l’impulsion de figures telles que Robert Duncan, Charles Olson, Robert Creeley, Denise Levertov. Ils ne tardent pas à faire naître une école poétique ; celle-ci ne s’est jamais refermée sur elle-même et a entretenu des contacts avec d’autres courants émergeant à l’époque, comme la Beat Generation par exemple. La Black Mountain Review (1954-1957) a joué en ce sens un rôle déterminant. Ce lieu a véritablement été le centre de l’invention artistique aux États-Unis jusqu’en 1957, date de sa disparition.
Cette publication en anglais permet d’aller au plus près de la connaissance de ces expériences pédagogiques qui ont été à la source d’une partie de la grande création d’outre-Atlantique.



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National Gallery Staatische Museen zu Berlin
Spector Books
464 p., 38,00 €
couverture

1. Jean-Pierre Cometti, Éric Giraud (ed.), Black Mountain College : art, démocratie, utopie, « Arts contemporains », Presses Universitaires de Rennes/cipM, 2014.
Alan Speller, Le Black Mountain College, Enseignement artistique et avant-garde, La Lettre Volée, 2014.

2. Pédagogie nouvelle qui établit une porosité entre les disciplines, en particulier promue par un professeur anti-conformiste tel que John A. Rice.