Alice Notley : Le baiser de la négativité

 
par Christophe Stolowicki

L’œil était dans le creux de l’oreille d’un post-cubiste en cercle bras blond de cinq doigts délicatement s’enchâssant, et regardait son assassin¹. « On a tiré sur une poète » – dans notre province de Gaule transatlantique personne ne gâcherait une balle. Paranoïaque critique assassinée cinquante fois, autant que de vies, une abstractrice de quintessence du polar dédaignant le suspens décape, dégaze vers à vers, réplique à réplique l’intensité, l’élasticité de dialogue, la résonance de raisonnement infiltrées dans sa langue. Une poésie bubblegum se moule à tous les genres, polar, chant épique, porno de féministe, Tao, marketing, prophétie, jargon boursier, blasphème, controverse universitaire, fragments de prosopopée retournée. « Pourquoi t’a-t-on tiré dessus Parce que / je connais […] le nom de ton âme / éclats magenta et orange dans l’obscurité des pins // […] ton zizi jadis tergiversé éclaire le / monde comme la sollicitude ». Dans cette Amérique où le trivial et l’abstraction ont partie liée au cœur, une négativité photographique révèle, contracte à fronts inversés.

Merveille la traductrice nous épargne le doublage d’accent à couper au scalpel, ponctue de quelques notes d’américain² la bande son.




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Traduit de l’américain par Anne Talvaz
Presses Universitaires de Rouen et du Havre
« Jusqu’à »
204 p., 17,00 €
couverture
couverture

1. Photographie de couverture, Claire de William Ropp, 1984.

2. Par exemple « post-corporate » dont la corporéité se dissout dans un marketing post-entreprise.