Robert Marteau : Salve

 
par Alexis Pelletier

Le titre se lit mieux en latin qu’en français. Il dit à quel point le septième volume du « journal en sonnets » de Robert Marteau est à la fois un salut qui englobe la nature avec la profondeur d’une pensée religieuse vécue au quotidien et, métaphoriquement, une sorte de guirlande – une salve non violente – en l’honneur des oiseaux, des fleurs, des arbres, des peintres, des musiciens qui faisaient le quotidien du poète. Les oiseaux permettent de s’interroger sur la présence au monde1 en ce qu’elle ouvre une interrogation sur le langage qui va jusqu’à inverser la mimésis quand « Au jardin, la fauvette et le merle, à leur tour / Imitent Olivier Messiaen » (p. 66). La nature – les fleurs et les arbres principalement – participe d’une mythologie lue, aimée et toujours vive2. Elle contrebalance une conscience politique qui, avec angoisse, réagit contre toute forme de terreur jusqu’à se heurter à une certaine mélancolie3. Le salut est dans l’expression d’une foi chrétienne qui sans être un catéchisme, s’en tient au fait que tout au monde échappe à l’être humain4. On ne peut ici qu’admirer la fidélité d’un éditeur à une voix originale de la poésie française qui construisait en dehors des modes une œuvre qui est d’abord un regard éclairant sur le monde.




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Champ Vallon
216 p., 13,00 €
couverture

1. Qui es-tu toi qui tout en haut de l’arbre chantes / La manifestation du souffle et t’exerces / Bœrd berdassou vogel uccello pajaro / Sous le nuage violet… (p. 11)

2. Tu écoutes, tu vas : c’est là que les dernières / Roses fleurissent là où la mythologie / Par la statuaire assure son avenir (p. 87)

3. Oui, comment échapper à la mélancolie / Qui s’empare, post-méridien, du paysage ? (p. 67)

4. Le monde est tissé / De telle sorte qu’aucun de ses composants / N’en connaît la teneur ni le fil ni l’étoffe (p. 210, ce sont les 3 derniers vers du livre).