Bertolt Brecht : L’ABC de la guerre

 
par Patrice Corbin

L’ABC de la guerre n’est pas un traité de stratégie, il ne saurait être non plus comparé à une trace livresque de « mémorial ». Si le travail de Brecht, par ces photos épigrammes ou « photogrammes », s’inscrit dans une démarche pédagogique, l’intention éminemment politique prévaut. Les photos choisies par le poète dramaturge dans des revues ou des journaux, de la guerre d’Espagne à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ne sont pas seulement didactiques, elles nous instruisent de la montée du crime. Histoire-événement, composition méticuleuse, l’épigramme saisit le monde dans sa vérité concrète, un « en bas » de l’humanité, comme une fosse-sépulcre où l’enfant se terre pour échapper à la catastrophe. Visages d’hommes, de femmes, casques sans têtes où ne résonne plus que le souffle de la bouche d’ombre, guerres aux peuples, massacres institutionnalisés se glorifiant de Dieu l’insaisissable « Dieu est un fasciste ». Brecht nous interpelle « si l’écho de leurs voix faiblit, nous périrons », le cri n’est pas seulement douleur, il est ce réveil de l’Histoire où s’invente l’internationalisme des peuples. « Et j’appelle, Ô femme, toute pitié mensongère / Qui ne se change pas en la rouge colère… »




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L’Arche
204 p., 23,00 €
couverture