Chloé Bressan : Claire errance

 
par Sacha Steurer

Artaud, cité par l’auteur, aurait bien son mot à dire lui aussi au beau milieu de cette errance : « Le tout est (…) dans le rassemblement de toute cette pierrerie mentale autour d’un point qui est justement à trouver. »1 Mais si tant est que la lumière soit dans le titre et que la volonté d’équilibre soit moteur de l’écriture, nous restons du début à la fin dans « l’étrange réalité », occurrence multiple, dans des « forêts magiques » desquelles on ne sort pas, pour finir par cet aveu : « Nous demeurons amoureux d’avoir peur ». Parmi des sillons fragiles, des chemins de boue à éviter, nous pouvons passer sur le côté là où une partie de la route a eu le temps de sécher. Marchons là quelques instants et puis ce sera à nouveau une grande flaque : « le chant confondu d’un couloir, d’azur et de boue ». L’errance en prose de Chloé Bressan alterne des propositions très courtes, types d’injonctions occultes : « Assez, fragile. Attendre que fleurisse. Partir tôt, alors » et des déclarations d’amour : « Ce n’est que chandelles et fentes, abysses dans tes reins proches, que chandelles et musique l’étreinte d’où tu t’échappes ». Le chemin emprunté : de tout petits pas puis des sauts entre des rochers, surtout ne pas tomber. On partage avec l’auteur, dans sa complexité, l’interrogation quant au chemin d’écriture, un chemin de vie, à suivre.




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Isabelle sauvage
« présent (im)parfait »
48 p., 10,00 €
couverture

1. Le Pèse-Nerfs.