Laurent Danchin / André Roumieux : Artaud et l’asile

 
par Sylvie Durbec

« Il n’y a pas encore de monde,
les choses ne sont pas encore faites,
la raison d’être n’est
pas trouvée. »
Antonin Artaud

Le premier intérêt de ce gros livre (872 pages) est qu’il est en partie constitué de lettres et d’entretiens pour la plupart inédits. D’autre part, Laurent Danchin dont on connaît l’intérêt pour les artistes en marge, écrit une préface éclairante sur le récit d’André Roumieux, infirmier psychiatrique ayant bien connu le docteur Ferdière dont le texte passionnant (première partie : « Au-delà des murs, la mémoire ») est celui d’un homme ayant approché la souffrance psychique de près, ne cédant ni au romantisme des uns ni au scientisme des autres. C’est la voix d’un autodidacte qui n’a pas fait partie du sérail et n’élude pas le sujet douloureux des électrochocs dont Ferdière expérimente l’efficacité sur Artaud et d’autres patients. En trois séquences, André Roumieux nous conduit à mieux comprendre le parcours chaotique et douloureux d’Antonin Artaud, artiste et malade, depuis son enfance marseillaise jusqu’à sa mort à Ivry. Mais ce livre comporte aussi dans sa deuxième partie intitulée fort justement : « Le cabinet du docteur Ferdière », une correspondance annotée par Laurent Danchin, des entretiens passionnants, une abondante iconographie, une bibliographie très complète, le tout donnant un éclairage intéressant et nouveau sur la personnalité controversée du docteur Ferdière, éclairant à la fois sa pratique et sa relation à Antonin Artaud, mais aussi ses relations à la psychiatrie.




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Séguier
872 p., 32,00 €
couverture