Jacques Darras : Blaise Pascal et moi dans la voie lactée

 
par Marie-Florence Ehret

Sans rien connaître des « divagations rêveuses » de Philippe de Beaumanoir du XIIIe siècle, on découvre et se délecte de ces « oiseuses » nomades qui parcourent les chemins et les jours sur des rythmes variés martelés comme des évidences. Longue période ou dégringolade saccadée, chaque texte a son propre pas – de danse.
La plus grande simplicité dévoile la plus grande subtilité.
Comme si les mots jouaient tout seuls entre eux, se poursuivaient à belle allure du premier au dernier pour faire apparaître un poème, direct, photographique, immédiat au rythme d’une course.

C’est un prunier c’est pour des prunes
que ce chef blanc et printanier à contre
temps fleurit en mars qu’il tire à blanc
toutes ses cartouches au vent mariées
si je n’étais l’état civil qui signalât
sur ma page blanche comme blanc il est
il finirait noces anonymes avec le bleu
(…)
pour chaque fois accueillir l’ex-
plosion pure printanière
noce naissante d’un seul sifflet

Amis et paysages sont la matière grave ou légère, tendre ou ironique de ces poèmes. L’adresse à Pascal, qui donne au recueil son titre se termine par un ironique retour au corps.

C’est à la voûte de nos palais que nos humaines voix
Se font
Célestement
Traire et meugler.

Corps du poète qui pédale ou qui baise, en musique verbale !




Share on FacebookTweet about this on TwitterPin on PinterestShare on TumblrEmail this to someone
Le Castor Astral
« Les passeurs d’Inuits »
96 p., 12,00 €
couverture