Vacarme

 
par Sarah Kéryna

Dans Prendre dates, paru chez Verdier en avril 2015, Mathieu Riboulet et Patrick Boucheron, traitant des attentats qui ont frappé Paris en janvier 2015, citaient, dans le premier chapitre intitulé « ça n’allait déjà pas très bien », l’article que Sophie Vahnich, historienne de la Révolution, avait écrit sur Rémi Fraisse dans la revue Vacarme n° 70, intitulé « la mort de Rémi Fraisse nous fait violence ».
Et, en effet, ça n’allait pas très bien au cours de cet automne-hiver 2014. Un « automne qui ne vient pas, où il fait si chaud et orageux toujours, dans cet automne où on finit par savoir que d’automne il y en aura de moins en moins (…) dans une nuit trop chaude quelqu’un était mort et je voudrais sortir de ce rêve, je voudrais qu’on m’entende » écrit encore Xavier Person dans « Rêve désagréable cette nuit », toujours au sujet de la mort de Rémi Fraisse, et des menaces en embuscade que diffuse le poison néo-libéral.
Car c’est cela la grande force et la grande originalité de Vacarme, revue précieuse s’il en est : allier littérature, poésie, philosophie, création, cinéma, sociologie en embrassant l’actualité dans les contours les plus larges et pointus possibles.
Au sommaire de ce numéro entre autres, outre les textes déjà cités : une nouvelle de Béatrice Leca, un article de Lola Schulman sur les bidonvilles en France d’hier à aujourd’hui, un poème de John Ashbery, un article savoureux de Sophie Rabau intitulé « Sabotage littéraire », où la question du genre est traitée de manière drôle et intelligente, un entretien autour du réalisateur Oscar Micheaux (le précurseur du « race film », film fait par des noirs aux États-Unis et traitant de la question raciale), un chantier sur les bêtes qui vaut le détour par son grand nombre de points de vue (avec des contributions de Dominique Lestel, Nicolas Prignot, Rachel Easterrman-Ulmann, Léna Bruger, Juliette Farjat, Florence Burgat, Sébastien Mouret et Baptiste Morizot, ethnologue.) À noter enfin, un passionnant entretien avec Yves Citon, philosophe, écrivain. Cette revue est réjouissante et nécessaire ! Achetez là, abonnez vous : de la pensée au format poche et à ce prix-là, aucune excuse.




Share on FacebookTweet about this on TwitterPin on PinterestShare on TumblrEmail this to someone
Vacarme
N° 70
256 p., 12,00 €
couverture