Le Montage comme articulation. Unité, séparation, mouvement

 
par Olivier Quintyn

Bien qu’il ne prétende nullement circonscrire une essence (transhistorique, ou transmédiale) du montage, souscrivant en cela à une tendance sinon nominaliste, du moins particulariste (c’est-à-dire indexée sur des opérations symboliques singulières repérables dans la pratique de cinéastes, écrivains, artistes et historiens de l’art), cet ouvrage collectif s’attache à construire les conditions de ce que Richard Wollheim, à la suite de Wittgenstein, appellerait un « voir-comme », entendu au sens théorique du terme : le montage « vu-comme » articulation, moins défini que reconçu, ou redécrit comme l’entrejeu à la fois du composite de ses matériaux, de l’unité subsomptive de son produit, et des mouvements causés par ses sauts et intervalles – que ces derniers soient minimisés sous l’égide du raccord, ou au contraire radicalisés par la coupe. À la fois technique, résultat et principe créateur, sans que l’on puisse oblitérer l’indéfectible lien qui unit le montage à des standards hérités de la rationalisation industrielle, au contraire du collage, plus bricoleur ou artisanal ; doublement polarisé, simultanément happé du côté des échantillons préexistants (ou pré-performés) qu’il manipule avec toute la résistance dont ils sont porteurs, tout comme du côté de la totalité qu’il recompose, aussi détotalisée et provisoire fût-elle, le montage se voit abordé ici sous des formes, dissemblables, d’études de cas individuels, allant de la génétique textuelle (une intéressante étude sur la dynamique de reprise et de remploi des manuscrits de Benveniste) à la poésie contemporaine (l’héritage du cut-up de Burroughs). On pourrait suggérer que le montage fonctionne alors comme un concept-calque que l’on viendrait apposer, selon les visées théoriques et pratiques voulues, sur tout objet symbolique, pour faire saillir des dimensions logistiques et opératives – ou pour souligner l’hétérogénéité des institutions et des matériaux qu’il traverse, sans s’y résorber ni s’y confondre.




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Sous la direction de Jonathan Degenève et Sylvain Santi
Presses Sorbonne nouvelle
228 p. + 1 DVD, 30,00 €
couverture